Les articles du SML

Règlement arbitral : Quelle est l’intention d’un tel mépris pour les psychiatres ?




Quelle mouche a piqué Madame Annick Morel pour cet étrange arbitrage, bouillon de culture de la fertilisation des inégalités ?

Si l’objectif est de supprimer l’exercice libéral de la psychiatrie, nul doute que les palmes lui sont promises. Des villes de 50000 habitants ont déjà perdu le libre choix de leur psychiatre, les usagers outre des délais d’attente insupportables, sont confrontés à un exercice dégradé de la psychiatrie, où le dogme de la clinique indirecte, rapproche l’organisation des soins de notre pays de celle des régions les plus démunies du monde. Remplaçons les psychiatres par d’autres professionnels, validons en masse des parcours de formation des plus incertains, sans même s’assurer d’un minimum requis en francophonie, puisque l’on ne trouve pas de psychiatres. L’intelligence artificielle et le mirage d’une télémédecine de plateforme feront le reste. Comment ne pas tirer les leçons d’un passé si récent !

 

L’exercice libéral hospitalier en psychiatrie a été sacrifié par l’État qui de longue date réduit ses échanges aux seuls gestionnaires des établissements à buts lucratifs. Même la mise à jour de pratiques scandaleuses dans la gestion de la dépendance du grand âge, n’a pas conduit l’État à publier ses modalités d’évaluation, quand elles ont eu lieu, des pratiques en hospitalisation psychiatrique privée. C’est une bien drôle idée de la démocratie. Les demandes des psychiatres libéraux restent sans réponse ! En même temps que le ministère fait du décloisonnement ville – hôpital sa nouvelle pétition de principe, il n’est question dans ses couloirs que d’hospitalisation publique. Les psychiatres libéraux déjà coupés dans certains cas de l’hospitalisation privée en raison des conditions d’exercice qui leur sont faites se retrouvent hors des radars des établissement publics, aveuglés par leur entêtement à voir en eux la main d’œuvre qui leur manque. Il est bien connu que leur activité dans leur cabinet n’est que pur plaisir, lucratif de surcroit ! On se demande même s’ils s’occupent de malades.

 

Alors, quand en 2023 apparait enfin une proposition de la CNAM d’une revalorisation, qui ne rattrape que partiellement l’effritement continu des honoraires des psychiatres depuis plus de 20 ans, l’espoir revient, avant la douche froide d’un arbitre s’affranchissant de l’équité.

 

Pour les psychiatres, un minimum de pédagogie les aurait mobilisés. Une majorité d’entre eux sont prêts pour l’aventure de l’engagement territorial libéral. Il suffit de garantir sa faisabilité en les respectant par la reconnaissance de la qualité de leur pratique auprès des patients. Les psychiatres se mobiliseront pour offrir leurs soins aux usagers, à l’échelle d’un territoire, et non sur leur seule patientèle, à la condition d’une organisation sanitaire libérale fondée sur le volontariat dans une filière psychiatrique organisée par les psychiatres de terrain.

 

L’État doit renoncer à penser des soins de ville, sur le modèle de l’organisation hospitalière. Il doit d’urgence sortir du déséquilibre majeur entre le financement des soins de ville et des soins hospitaliers. Les psychiatres libéraux ont démontré dans des actions innovantes les leviers des pratiques collaboratives. Ils sont prêts à promouvoir l’innovation y compris organisationnelle à condition que les revalorisations soient à la hauteur des enjeux.


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