Quand la baisse des ventes de médicaments signe un retard d’accès aux soins

17 Octobre 2020: Quand la baisse des ventes de médicaments signe un retard d’accès aux soins

Le quatrième volet de l’étude Epi-phare montre que, pour de très nombreux actes, le retard pris lors du confinement n’a toujours pas été comblé. L’étude porte sur la délivrance de médicaments sur ordonnance en pharmacie de ville depuis le début de l’épidémie jusqu’au 13 septembre. Elle confirme « une très forte diminution de la délivrance et de l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé ». On note ainsi une baisse des ventes de dispositifs intra-utérins avec progestatifs de –14 000 unités, de préparations pour coloscopie de -250 000 unités, de produits iodés pour scanner de -500 000 et de produits de contraste pour IRM de -280 000. « La chute, non rattrapable, de ces trois derniers actes indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou certaines maladies graves en poussée, conduit, pour l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialités, à des retards conséquents de prise en charge/nbsp]», soulignent les auteurs de l’étude.

Ces derniers font le même constat pour la vaccination, avec une baisse de 40 000 doses de vaccins penta/hexavalents pour nourrissons, de 150 000 doses pour les vaccins anti-HPV, de 130 000 doses pour le ROR et 620 000 doses pour le vaccin antitétanique.

Plusieurs classes thérapeutiques usuelles enregistrent carrément un effondrement de leurs ventes : les AINS (-7,2 millions de traitements), les IPP (-2,8 millions) la corticothérapie orale (-3,6 millions) et certains antibiotiques (-4,1 millions de traitements de la classe ATC JO1), « en lien possible », écrivent les auteurs, avec la diminution de certains agents infectieux consécutive à la fermeture des crèches et écoles ainsi qu’avec les gestes barrières.

L’instauration de nouveaux traitements cardiovasculaires et anti-diabétiques chez les nouveaux malades a également fortement diminué, ce qui n’a pas été le cas pour les médicaments de pathologies chroniques déjà traitées, grâce « au droit d’utiliser des ordonnances caduques et au recours aux téléconsultations ».

Seules les ventes d’anxiolytiques et d’hypnotiques se sont accrues, reflétant l’impact psychologique de l’épidémie sur les personnes.

Pour le SML, ces chiffres, au moment où la deuxième vague de la pandémie se lève, traduisent la nécessité absolue que les pouvoirs publics ne rééditent pas les erreurs du printemps. Le confinement, les déprogrammations vont avoir des conséquences très lourdes en matière de santé publique.


  

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