Vaccination : changement de calendrier, changement de rythme. Changement de méthode ?

09 Janvier 2021: Vaccination : changement de calendrier, changement de rythme. Changement de méthode ?

Avant même la conférence de presse du Premier ministre, la stratégie du Gouvernement en matière de vaccination anti-Covid avait changé sous pression de critiques venues de toutes parts. Ce jeudi 7 janvier, la vaccination aux personnes les plus fragiles, et notamment les résidents des Ehpad, a été confirmée, et le calendrier accéléré. «Notre objectif est clair : vacciner en priorité les 15 millions de personnes âgées et souffrant de pathologies chroniques. Car ces vaccins permettent de prévenir les formes graves de la maladie», a indiqué Jean CASTEX.


Concrètement, les cinq millions de personnes de plus de 75 ans vivant chez elles auront accès à la vaccination à compter du 18 janvier dans les centres de vaccination. Les soignants de plus de 50 ans, tout comme les aides à domicile et les pompiers, pouvaient recevoir leur première injection. L’installation des centres de vaccination sera rapide : 300 seront créés dans les prochains jours,  pour arriver à 600 centres à la fin janvier. Le choix des centres de vaccination obéit à des impératifs logistiques, puisque les vaccins doivent être conservés à très basse température.


Le parcours de vaccination sera simplifié. Olivier Véran a indiqué qu’il « n'a jamais été question d'exiger un consentement écrit » ni un délai de cinq jours avant de vacciner. En pratique, le verrou de la consultation médicale préalable à la vaccination saute. Cette consultation reste possible, mais elle n’est plus un préalable et seuls les patients qui le souhaitent pourront la demander à leur médecin traitant. Pour les personnes de 75 ans et plus, il sera possible de prendre rendez-vous par téléphone ou en ligne pour se faire vacciner. Un numéro de téléphone les orientera vers les différents centres ainsi qu’un site internet sur lequel figurera la liste des centres et qui permettra de prendre rendez-vous en ligne. "Ces deux moyens seront disponibles le 14 janvier", a assuré le ministre de la Santé.


Sur place, au centre de vaccination, « un médecin ou tout autre soignant » posera des questions ou fera remplir un questionnaire au patient. L’objectif est de déterminer s’il a été atteint du Covid au cours des 3 derniers mois, s’il a été vacciné contre la grippe ces 3 dernières semaines, s’il a des symptômes du Covid et s’il souffre d'allergies graves. « Un médecin sera toujours présent sur les lieux de vaccination », a assuré le ministre. Une fois le questionnaire rempli, le patient pourra être vacciné. Il devra rester sur place quinze minutes avant de pouvoir repartir du centre de vaccination.


78 millions de doses réparties entre les cinq principaux vaccins seront livrées avant l'été. La France en a précommandé plus de 200 millions.


Bref, « amplifier, accélérer, simplifier » était le nouveau mot d’ordre gouvernemental après la colère rentrée du président de la République face à la lenteur de la mise en place du dispositif de vaccination.


Ce retard à l’allumage en France témoigne du mal dont souffre le pays, une hyper-administration. Mais, comme si les différentes instances parties prenantes (DGS, ANSM, HAS, ARS, comité scientifique, conseil d’orientation de la stratégie vaccinale) ne suffisaient pas, on apprenait la nomination d’une énarque à la tête de la « task force intergouvernementale » chargée d’organiser la logistique (l’énarchie mène à tout, à condition d’y rester), et la mise en place d’un « conseil citoyen » en gage de « transparence ». Ce qui brouille encore un peu plus les choses.


De nombreux syndicats de professionnels de santé libéraux, dont le SML, ont appelé, quant à eux, à une accélération de la vaccination et se disaient prêts à se coordonner pour organiser celle-ci au plus près de leurs patients.


Quoi qu’il en soit, le Gouvernement était désireux de donner « plus de visibilité » aux différents acteurs. Mais cette visibilité consiste surtout à revenir sur les annonces précédentes : les remontées mécaniques des stations de ski n’ouvriront pas en ce début de mois comme prévu, les bars et restaurants ne reprendront pas leur activité le 21 janvier comme annoncé, les lieux culturels ne rouvriront pas non plus.


Certes, les annonces du Gouvernement ne pouvaient être fermes et définitives. En effet, les retombées des fêtes de Noël et du jour de l’An ne seront connues qu’au milieu de la semaine prochaine, d’autant que 19 cas du variant anglais ont été identifiés en France, dont deux dans des clusters à risque en Ile-de France et en Bretagne. Le couvre-feu à 18 heures pourrait, par ailleurs, s'étendre à 10 départements supplémentaires.


Le Premier ministre a beau estimer « stériles » les polémiques sur le retard de la vaccination, la question se posait sérieusement et il est tout de même singulier de constater que c’est le Président de la République qui fait le plus de reproches à son Gouvernement sur ce sujet. Une reprise en mains était indispensable, alors que les erreurs d’organisation qui se traduisent par de pénuries répétées, polluent la gestion de cette pandémie depuis son apparition.


Dans ces conditions extrêmement incertaines, la situation sanitaire ne pourra s’améliorer réellement qu’à l’été. Bref ce premier semestre 2021 a toutes les chances de ressembler à 2020.

Ce qu’en pense le SML


Le SML, quant à lui, regrette le temps perdu par le Gouvernement à définir une stratégie vaccinale qui s’attache davantage aux vaccino-sceptiques qu’aux personnes souhaitant se faire vacciner. Il lui recommande de changer de stratégie. Il souhaite que la vaccination se déroule dans un cadre ambulatoire, dans des cabinets médicaux et dans les centres de vaccination initiés par les libéraux. C’est pourquoi il a réclamé une stratégie qui permette aux soignants et aux personnes volontaires d’être vaccinés. L’accès à la vaccination doit être simple et facilitée. Une visibilité doit être donnée sur la disponibilité réelle des vaccins. C’est par là que doit commencer la « transparence » dont se prévaut le Gouvernement.


Le SML veillera toutefois à ce que la vaccination revienne dans les cabinets médicaux aussitôt que les nouveaux vaccins pouvant se conserver dans des conditions classiques seront disponibles.


   

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