
Depuis plusieurs années, les soignants alertent sur l’épuisement d’un système de santé à bout de souffle. Les décisions politiques qui se succèdent affaiblissent la médecine de proximité : baisses répétées de tarifs et de budgets imposées unilatéralement, objectifs irréalisables sur les arrêts de travail ou les examens complémentaires, glissements de tâches devenus intenables, suspicion permanente de fraude, fausses concertations, absence de revalorisation durable, communication gouvernementale déconnectée. Cette accumulation de mesures crée une véritable violence institutionnelle. Elle précède et nourrit la violence physique qui s’exprime aujourd’hui dans les cabinets, dans les permanences de soins et jusque dans les domiciles des patients.
Pendant que le système se délite, la population en paie directement le prix. Les déserts médicaux s’étendent, les délais d’accès aux soins explosent, les consultations deviennent inadaptées faute de temps, et des milliers de Français renoncent à se faire soigner. Quand les professionnels de santé exercent dans la peur, l’épuisement ou la résignation, c’est toute la sécurité sanitaire du pays qui vacille. Laisser s’installer cette situation, c’est accepter une perte de chance massive pour les patients, c’est prendre le risque qu’un nombre croissant de soignants renoncent à exercer, et c’est fragiliser durablement la cohésion sociale. L’histoire jugera la responsabilité de celles et ceux qui auront laissé pourrir cette situation.
Pourtant, des outils existent. La loi Pradal, promulguée le 9 juillet 2025 pour renforcer la sécurité des professionnels de santé, prévoit des mesures attendues depuis longtemps. Mais elle demeure inapplicable : ses décrets d’application n’ont toujours pas été publiés. Une loi sans décret n’est qu’un texte symbolique. Le Collectif du 12 mars demande solennellement au ministre de la justice de garantir sans délai la mise en œuvre de cette loi afin qu’elle devienne enfin effective sur le terrain et réclame également une entrevue afin que la réponse pénale soit à la hauteur de la gravité des faits. La protection des soignants doit devenir une priorité judiciaire claire et assumée.
Le Collectif appelle le Premier ministre et le gouvernement à prendre la mesure de l’urgence. Protéger les soignants est une exigence républicaine. Aucun système de santé ne peut tenir si ceux qui le font vivre sont ciblés, accusés, déconsidérés ou mis en danger. Il est temps de reconstruire avec les soignants et non contre eux. La société ne peut pas s’habituer à la violence. Les professionnels de santé n’accepteront jamais d’être traités comme une variable d’ajustement d’un système en délitement. Les actes de violence se multiplient. Les soignants n’en peuvent plus. La population est la première victime d’un système à l’abandon. Le gouvernement doit agir immédiatement. Il en va de la sécurité des soignants, mais aussi de celle de tous les Français.
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