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Les propositions du SML pour le prochain quinquennat




Notre système de santé traverse une crise sans précédent, révélée et accentuée par l’épidémie de Covid. Cette crise n’est pas le fruit du hasard. Elle a de multiples causes, à commencer par les coupes budgétaires incessantes destinées à contenir les dépenses de santé (avec le résultat que l’on a pu voir lors de l’épidémie), les réformes de santé, orientées également vers la maîtrise comptable, et une politique centrée sur l’hôpital au détriment de la médecine de ville.

Le prochain quinquennat sera capital pour remédier à la situation. C’est la raison pour laquelle le SML se tourne vers les candidats à l’élection présidentielle pour partager ses constats, ses valeurs et ses propositions. Il est temps de corriger le tir et de faire fonctionner le système de soins sur ces deux piliers : l’hôpital qu’il faut recentrer sur ses missions essentielles et la médecine de ville dont la disponibilité, la réactivité, l’adaptabilité, l’écoute des patients et le sens des responsabilités ne sont plus à démontrer. Les techniques médicales et le numérique permettent de basculer une partie de l’activité médicale de l’hôpital vers la médecine de ville, à moindre coût, tout en répondant aux souhaits des patients et au virage domiciliaire.


Le SML articule ses propositions autour de plusieurs grands axes. Il les a présentées au cours d’une conférence de presse. Elles seront soumises à tous les candidats à l’élection présidentielle.

 

  • Reconquérir les déserts médicaux

Le premier de ces axes est la reconquête des déserts médicaux que l’on aurait tort de ne situer qu’en zone rurale. Pour permettre à tous d’accéder à des soins de qualité, le SML énumère un bouquet de solutions, tout en soulignant que rien ne sera possible si l’on ne revitalise pas ces territoires perdus. Dès leur formation, les futurs médecins doivent être familiarisés avec l’exercice libéral ; il faut multiplier les stages en cabinet de ville dans toutes les spécialités, dispenser des cours de gestion et de management pendant leur cursus théorique, faire entrer les praticiens libéraux à l’université pour y enseigner leur pratique, généraliser le compagnonnage. L’installation des jeunes diplômés doit être sécurisée. Aussi, le SML milite-t-il pour la création d’un contrat de solidarité de succession active permettant une transition en douceur entre le médecin retraité et son successeur. Le second devrait pouvoir lui faire appel pour le remplacer lors d’un congé maternité ou parental, par exemple. De façon générale, il faut faciliter au maximum le cumul emploi-retraite.


Le praticien doit pouvoir se dégager du temps médical, utile à ses patients, en s’entourant de collaborateurs se chargeant des tâches administratives.

 

 

  • Restaurer l’attractivité du métier de médecin

La France se situe au bas de l’échelle des revenus médicaux comparés à d’autres pays où le paiement à l’acte est en vigueur. La moyenne européenne de la valeur de l’acte tourne autour de 40 euros. La faiblesse des rémunérations est un très mauvais signal adressé aux jeunes médecins. C’est également un mauvais signal envoyé aux patients. Il faut vraiment que le mot « honoraires » prenne toute sa dimension : honorer le travail du médecin. Le niveau d’expertise du médecin libéral appelle un niveau de rémunération à la hauteur de sa formation exigeante et de ses responsabilités. Le C doit être porté à 45 euros et le coût des actes indexé sur le coût de la pratique.

 

 

  • Négocier une nouvelle convention de 10 Md€

Le SML considère que la négociation d’une nouvelle convention médicale est incontournable pour revaloriser les actes, en créer de nouveaux et accélérer la transformation de l’exercice.


Pour permettre à la médecine de ville de jouer pleinement son rôle, le SML estime qu’il faut investir, via la convention, environ 2 milliards d’euros par an pendant 5 ans, soit au total 10 Md€. La négociation d’une nouvelle convention doit être l’occasion de redéfinir les nouvelles missions des médecins, d’organiser une graduation intelligente des soins en valorisant les spécialités en ville.

 

 

  • Organiser la réponse libérale à toutes les demandes de soins

Un tiers des 22 millions de passages aux urgences hospitalières pourrait être pris en charge en ville. Les patients les considèrent en effet comme une réponse à leurs demandes de soins non programmés. L’accès non régulé aux urgences hospitalières et les difficultés d’accès aux soins dans certains territoires expliquent cet état de fait. Le SML considère que ce n’est pas inéluctable et qu’il est possible d’organiser une réponse à tous les besoins de soins non vitaux en ville.


Pour cela, il faut généraliser la permanence des soins ambulatoires (PDSA) à partir d’un numéro unique, le 116 117 en lien avec le 15, mais libérant ce dernier pour les urgences vitales. Le SAS doit être mené en co-gouvernance avec l’hôpital, donnant lieu à une charte où les soins de ville non programmés sont effectivement assurés par les professionnels de ville et les CPTS.


Il faut promouvoir la PDSA auprès de tous les médecins libéraux, octroyer un statut de Conseiller d’orientation de service public pour les régulateurs afin de les protéger médico-légalement. Il faut honorer cette PDSA le samedi matin. Parallèlement, il faut réguler l’accès aux urgences hospitalières et décorréler le financement des établissements de l’activité des urgences.

 

 

  • Mobiliser la communauté soignante libérale autour du patient

Les pouvoirs publics conçoivent la coordination des soins autour de structures rigides, dont la création passe par des contraintes bureaucratiques qui épuisent les professionnels qui veulent s’y engager. Il faut au contraire privilégier les structures souples. À cet égard, le modèle élaboré par l’Union nationale des professions de santé, l’équipe de soins autour du patient (ESCAP), doit faire l’objet d’une reconnaissance par l’Assurance maladie dans le cadre d’un accord interprofessionnel. Ce modèle, qui laisse au patient le libre choix des professionnels appelés à le prendre en charge, a le mérite de la souplesse et de la simplicité. Il suffit de développer les outils numériques permettant le partage d’informations et la coordination. Cette coordination, qui donne à chaque professionnel sa place, respecte le parcours de soins dont le médecin est le pilote. Les agences régionales de santé devraient faciliter la constitution de pareilles équipes et contribuer à leur financement le cas échéant.


D’une façon générale, le SML prône des discussions préalables entre professionnels de santé de tout avenant touchant l’interprofessionnalité.

 

 

  • Inscrire le numérique dans les pratiques

Le SML défend de longue date une vision du numérique raisonnée en santé. Les outils numériques doivent aider le médecin à assurer une prise en charge coordonnée permettant un suivi efficace des patients complexes dans le cadre du maintien à domicile. Ils permettent d’améliorer l’accès aux soins et d’alléger le fardeau administratif.
Il faut tout faire pour que médecins et patients s’emparent de la télémédecine. Il faut redonner à la téléconsultation sa juste place dans le parcours de soins en évitant la dérive des plateformes commerciales. Le quota de 20 % pour les patients de la file active d’un médecin ne se justifie pas.


Par ailleurs, la télésurveillance offre l’avantage d’espacer le contact physique entre le médecin et le patient lorsqu’il ne se justifie pas, tout en assurant une meilleure sécurité de leur suivi. Il est nécessaire de créer, entre consultation et téléconsultation, un échelon intermédiaire rémunéré par l’Assurance maladie.


Enfin, il faut organiser la gestion des données de santé issues de la médecine libérale, véritable mine d’informations tant du point de vue épidémiologique que du point de vue d’une meilleure organisation du système.

 

 

  • Faire entrer la santé dans l’ère de la prévention

La prévention est à la fois un impératif sanitaire et un levier d’économies sur les dépenses de santé évitables. Prolonger la durée de vie en bonne santé, c’est également retarder l’entrée dans la dépendance.


Le SML milite depuis de nombreuses années pour que soient instaurées des consultations de prévention aux âges clefs de la vie ainsi que des consultations destinées à évaluer l’impact de l’environnement du patient sur sa santé. Les négociations conventionnelles doivent être l’occasion de nourrir cette approche préventive.


Il faut inscrire la prévention dans la formation initiale et dans les priorités du développement professionnel continu. Et introduire la prise en compte du risque environnemental dans les démarches de prévention.

 

 


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