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Présidentielle 2022 : le programme « santé » des deux finalistes




Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont donc les deux candidats que les électeurs ont retenus pour le second tour de l’élection présidentielle, comme en 2017. Mais depuis, la crise sanitaire est passée par là, faisant de la santé un des thèmes les plus importants de la campagne aux yeux des Français. Que proposent les candidats en cette matière ?

L’actuel président de la République s’appuie sur son bilan : le desserrement du numerus clausus, le 100 % santé dans les domaines de l’optique, des audioprothèses et des prothèses dentaires, la contraception gratuite pour les femmes jusqu’à 25 ans, le doublement des maisons de santé, le remboursement de consultations chez le psychologue sur prescription médicale…. Dans la foulée de ce qui a été fait, Emmanuel Macron se fixe trois objectifs : « mettre en œuvre la révolution de la prévention », « poursuivre les efforts pour la médecine de ville et l’hôpital », « faire reculer les déserts médicaux ».


Marine Le Pen souligne la situation des hôpitaux, le malaise des soignants, l’augmentation des déserts médicaux. Elle veut « redonner confiance à l’hôpital public », « recourir davantage à la médecine ambulatoire », « lutter contre la fraude et mieux assurer le financement du système de soins ».
 

  • Médecine de ville, déserts médicaux

Emmanuel Macron souhaite « libérer du temps de médecin ». Pour cela, il compte s’appuyer sur plusieurs leviers : la généralisation des assistants médicaux, la possibilité pour les pharmaciens et les infirmiers de réaliser davantage de prescriptions et d’actes de prévention, des permanences ponctuelles dans les territoires les moins dotés, le développement de la télé-expertise et de la téléconsultation, la régulation des installations sans pour autant recourir à des mesures coercitives. Il faut, lit-on dans son programme, « un nouveau pacte entre l’hôpital et la médecine de ville, dont l’activité doit être mieux rémunérée » sans pour autant préciser comment.

Marine Le Pen veut revoir « l’intégralité de l’aménagement » des territoires afin d’augmenter leur attractivité. Pour inciter les médecins à s’installer dans les déserts médicaux, la candidate du Rassemblement national veut mettre en place « une rémunération de la consultation modulée selon le lieu d’installation sans que les praticiens n’aient de démarches spécifiques à faire ». Elle aussi compte développer la télémédecine, confier de nouvelles tâches aux pharmaciens, sage-femmes, infirmiers et assistantes sociales, augmenter le nombre de maisons et de centres de santé qu’elle souhaite doter de capacités leur permettant de traiter « les petites urgences ». Elle veut « ouvrir un nombre de places suffisantes dans les facultés de médecine ».

Enfin, elle veut « rendre aux médecins leur liberté de prescription et d’expression » et réformer « le système de rémunération complémentaire » des médecins libéraux « qui porte atteinte à leur autonomie de décision » sans réel impact sur les pratiques.
 

  • L’hôpital

Emmanuel Macron souhaite lancer un plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants. Mais aussi « rendre l’hôpital plus humain » en allégeant les tâches administratives pour les soignants, en donnant plus de responsabilités aux paramédicaux et « une place centrale » aux médecins dans la gouvernance.

Le programme de Marine Le Pen consacre une grande place à l’hôpital. L’une de ses mesures les plus radicales est la suppression des agences régionales de santé à qui elle reproche leur approche administrative et financière. La tutelle des hôpitaux reviendrait aux préfets de région. Et les établissements auraient une gouvernance « bicéphale », un directeur pour les aspects administratifs, un médecin pour les questions médicales. Elle promet d’ouvrir 10 000 places supplémentaires dans les instituts de formation en soins infirmiers et de mettre 2 milliards d’euros sur cinq ans pour revaloriser les salaires du personnel soignant. Elle fixerait un plafond de 10 % de postes administratifs dans les hôpitaux. Elle instaurerait un moratoire sur la suppression des lits. Enfin, elle reviendrait à la dotation globale. En ce qui concerne les Urgences, elle renforcerait « de façon significative » leur personnel et créerait une filière distincte pour les personnes les plus âgées. L’instauration d’un numéro d’appel unique est également envisagée.

 

  • Prévention

Emmanuel Macron propose « un plan ambitieux » pour la santé des femmes, des plans de détection et de prévention relatifs à la santé mentale, à l’infertilité, à la drépanocytose et, pour les enfants, une détection précoce des écarts de développement qu’il s’agisse de l’autisme, de la dyslexie, de l’obésité avec l’attribution d’un médecin traitant pour chacun. Le candidat LREM propose également la création d’un bilan de santé complet et gratuit aux âges clés de la vie (25, 45, 60 ans), un accompagnement personnalisé et connecté pour les patients souffrant d’une maladie chronique.

Marine Le Pen veut donner « plus de place à la prévention, notamment grâce aux visites médicales scolaires qui redeviendraient systématiques ».
 

  • Grand âge et handicap

Emmanuel Macron déclare vouloir favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. À cet égard, il propose la mise en place d’un service de maintien à domicile avec un seul interlocuteur, pour l’aidant ou la personne aidée, en charge d’organiser tous les services. Une prime spécifique, la Prime Adapt’ prendrait en charge, selon les ressources, jusqu’à 70 % des travaux d’aménagement du logement. Le candidat veut améliorer les conditions de travail des professionnels intervenant dans ce secteur et veut favoriser leur présence auprès des séniors en instaurant « deux heures de convivialité par semaine ».
Voulant rendre plus humaines les maisons de retraite, il envisage de recruter 50 000 infirmiers et aides-soignants dans les Ehpad d’ici 2027, soit 25 % de plus qu’aujourd’hui. Enfin, le rôle des soignants, des familles et des résidents serait renforcé dans leur gestion.

Marine Le Pen renforce également la présence du personnel dans les Ehpad. Pour elle, chaque établissement devrait être doté d’un médecin coordonnateur et de la présence d’une infirmière 24 heures sur 24. Elle souhaite la création d’un véritable statut pour les aidants. La durée de congé du proche aidant serait portée à 12 mois. Son indemnisation serait indexée sur les revenus de la personne aidante. Cette aide serait « dé-conjugalisée ». Enfin, une indemnité spécifique de 300 euros serait créée pour toute personne faisant le choix de vivre au domicile d’un proche dépendant ou de l’accueillir chez elle.

Elle souhaite améliorer le parcours de soins des personnes âgées et notamment la prise en charge des soins non programmés, en misant sur « une complémentarité entre l’hôpital et la médecine de ville ».

 

  • L’innovation

Elle figure au programme d’Emmanuel Macron qui déclare vouloir « relocaliser en France la production de médicaments » et « continuer à développer 20 biomédicaments et biotechnologies ou des technologies nouvelles comme les exosquelettes ».

 

  • La lutte contre la fraude

Elle figure au programme de Marine Le Pen, qui souhaite créer un ministère « spécifiquement dédié à la lutte contre la fraude » et sécuriser la délivrance et l’utilisation des cartes Vitale en y introduisant des données biométriques.
L’aide médicale d’État ne prendrait plus en charge que les seuls soins urgents, du moins pour les adultes.


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