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Macron II : ce qui attend la médecine de ville




Quel est le plan d’Emmanuel Macron pour la médecine de ville au cours du quinquennat qui s’ouvre ? Le référent santé du candidat Macron, François Braun, chef des urgences du CHR de Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France, trace quelques pistes dans une interview donnée à Egora.

Il y a, dit-il, « trois objectifs principaux : la problématique de l’hôpital, celle de l’innovation et la souveraineté et, enfin, celle des inégalités de santé ». Au niveau des inégalités de santé, la première question qui se pose est celle de l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Pour y remédier, « pas de solution miracle », admet François Braun, « mais plutôt un panel de solutions », à court, moyen et long terme. À court terme, il s’agit de dégager du temps médical. « On voit qu’en cas d’exercice aidé, les médecins augmentent leur patientèle ». Il faut donc s’appuyer sur les assistants médicaux en simplifiant et augmentant leur recrutement. L’idéal serait « que chaque médecin qui le souhaite puisse avoir un assistant médical », précise un peu plus tard le référent Santé d’Emmanuel Macron qui mise aussi sur l’exercice pluriprofessionnel et « l’embauche d’infirmières salariées par la Sécurité sociale… ». À moyen terme, « il faut favoriser l’installation dans les déserts ». Là encore, pas de contraintes, mais le maintien des aides existantes « et la facilitation des stages dans zones sous-dotées, dès le début d’externat ». « Pour cela, il ne faut pas dénaturer la formation, il faut donc plus d’enseignants et de maîtres de stage », poursuit François Braun, mais aussi des conditions d’hébergement correctes. Enfin, à long terme : le numerus clausus, « mais il faut avoir une vraie estimation des besoins pour les quinze à trente ans qui viennent ».


L’idée de « professionnels de santé référents » est précisée. Ceux-ci serviraient « de porte d’entrée et de guide dans le système de santé » pour « les patients qui peuvent avoir besoin d’accéder à plusieurs pans (du système de santé) sans trop savoir comment faire. »


Le transfert de compétences ? Les médecins auraient tort de craindre qu’un autre professionnel « rate une pathologie. « Je pense que ce risque est limité », affirme François Braun. Mais aussitôt de préciser : « Attention, la volonté n’est pas d’imposer quoi que ce soit, mais d’instaurer un dialogue entre toutes les parties prenantes ». La grande concertation sur la santé, promise par Emmanuel Macron, pourrait être l’occasion de ce dialogue. « Ce que nous souhaitons, c’est un système basé sur la réponse aux besoins de santé. Elle est forcément collaborative entre les cliniques et l’hôpital, la ville et l’hôpital, chacun ayant son champ de compétences ». Les différents ordres professionnels seraient amenés à réfléchir aux actes à déléguer.


La rémunération des médecins ? La question de la réévaluation de l’acte « n’est pas fermée », mais l’interviewé rappelle qu’Emmanuel Macron a dit « qu’il fallait sortir du tout rémunération à l’acte ». Sur ce sujet « il n’y a pas de tabou ». Ceci sera traité lors de la prochaine convention. « Mettons-nous d’accord sur les objectifs, les outils, et comment on met cela en place… »


La permanence des soins ? « La permanence des soins ambulatoire sera mise en place dans tous les territoires dans une logique d’obligation collective ». Le concept demeure cependant encore assez vague.


Reste la question fondamentale : le financement de la médecine de ville. « Il faut mettre les moyens et nous sommes prêts à le faire. Mais on ne peut pas rénover le système de santé avec des vieux outils. Il faut changer avant », répond le référent santé d’Emmanuel Macron. Un référent qui pourrait devenir ministre ? Il ne répondra évidemment pas à cette question.


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