Les articles du SML

L’expérimentation qui hérisse




Depuis l’automne dernier, une cinquantaine de pharmacies bretonnes sont autorisées à titre expérimental à prendre en charge directement des patients atteints de pathologies courantes dans le cadre d’un protocole défini.

L’expérimentation a été mise en place par une association de pharmaciens sous la houlette de l’agence régionale de santé avec le soutien des URPS de pharmaciens et médecins. Elle vise à remédier aux difficultés d’accès à un médecin dans les zones sous-denses. Ce « conseil pharmaceutique de premier recours » est limité à treize symptômes (rhinite, douleur pharyngée, diarrhée, vulvo-vaginite, piqûre de tique, plaie simple, etc.). Il s’agit pour les pharmaciens concernés, d’opérer un « triage » aboutissant à un conseil pharmaceutique ou à une orientation. En six mois, les 50 officines ont pris en charge 400 patients dont 25 % ont finalement nécessité une consultation médicale.


Certes, la mobilisation des pharmaciens peut rendre des services pour désengorger les cabinets médicaux. Il ne faudrait pas toutefois qu’ils se transforment en « gate-keepers ». Et il ne faudrait pas non plus qu’il se prennent pour des « petits docteurs », d’autant que la formation dispensée aux pharmaciens participant à cette expérimentation ne leur permet pas d’établir un diagnostic. L’URPS bretonne des médecins libéraux, désormais présidée par le SML, est très consciente de ce risque de dérive et il n’est pas certain qu’elle aurait engagé cette expérimentation, lancée 8 ans plus tôt, par la précédente équipe alors pilotée par la CSMF. Pour le SML une chose est certaine, si la coopération entre professionnels de santé peut apporter des services à la population des zones sous-médicalisées, elle ne peut en aucun cas conduire à l’effacement du médecin traitant.

 


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